Nous nous voyons poussés à dire quelques mots sur ceux que le prêtre prononce à la sainte Messe, lors de la prière du Te igitur : « una cum famulo Pontifice nostro » etc.

Ces mots révoltent plusieurs de nos correspondants, ou fidèles des chapelles que nous desservons, ou encore des catholiques scandalisés par ce qui se passe à Rome. Et il y a de quoi être choqué… nous le comprenons bien et nous ne manquons pas de dénoncer par nos prédications, nos écrits (site internet et Telegram) les errements graves commis par François et Rome dans son ensemble.

Cependant, comme nous le remarquions hier dans un billet d’humeur ( voir ici : https://havresaintjoseph-tradition.fr/mise-au-point-de-mgr-vigano/ ) : « Nous profitons de ce mot pour signaler à nos lecteurs de ne pas lire et/ou de ne pas écouter tout ce qui se dit sur la ‘toile’, surtout lorsqu’articles et/ou vidéos sont écrits et/ou prononcés par des ‘experts en la matière’ (théologie) qui n’y comprennent strictement rien mais… qui étalent leur incompétence avec impudence et bruit. »

Il y a sur internet à travers des vidéos beaucoup de sottises qui se disent sur Bergoglio et Cie. Tout ceci nous invite à publier l’article qu’écrivait en 1982, sous le pseudonyme de Fr Benevolens, Dom Edouard Guillou, bénédictin, dans Itinéraires. Le religieux fut un éminent latiniste et de surcroît liturgiste, historien.

Il explique ci-dessous le sens de ces mots qui font controverse.

Qu’on lise avec attention ce texte : nous ne sommes pas « en communion avec » Paul VI (ou Jean-Paul II, Benoît XIV ou encore François), nous prions pour lui, pour eux, successivement. Et Dieu sait s’ils ont besoin de prières et de sacrifices, tant leur doctrine s’éloigne de la Foi catholique.

Caïphe était grand-prêtre au temps de Notre-Seigneur. Il a – sans aucun doute – fait un péché mortel en déclarant publiquement que le Roi des rois devait mourir (Jn 18, 14). A-t-il cessé pour autant d’être grand-prêtre ? C’est un sujet de réflexion… à appliquer à nos temps présents, sans aucun doute aussi.

A la lecture de ce texte, pamphlets et élucubrations de nos théologiens sans théologie, auto-proclamés tombent comme des feuilles mortes.

Pour y parvenir ? Un peu d’humilité et de vraie science (les deux vont ensemble) …

Abbé Dominique Rousseau

19 novembre 2023

Le vrai sens de l’ « una cum » au canon de la messe

par Fr. Benovolens OSB

A LA FIN de son « calen­drier traditionnel », un auteur ecclésiastique, dans un avertissement, qualifie de « comportement incohé­rent » le fait, pour un prêtre qui célèbre la messe dite de saint Pie V, de nommer le pape Jean-Paul II au canon : il est illogique en effet de se décla­rer una cum, « en union avec notre pape Jean-Paul » et de persévérer à célébrer « une messe en opposition avec celle que le prétendu pape demande de célébrer ». Et le bon Père de conclure avec condescendan­ce : « Nous voulons encore laisser à ces prêtres la possi­bilité de se ressaisir et de ré­viser leur position. »

La démonstration paraît ri­goureuse. Mais c’est la rigueur d’un sophisme : toute la valeur de ce syllogisme s’effondre quand on donne aux mots una cum le sens qui est le leur dans le canon de la messe : « et aussi pour », « en communion avec ».

 

L’auteur en question n’a-t-il donc pas lu l’Explication des prières et des cérémonies de la Messe du P. Lebrun, rééditée par Forts dans la Foi (1976) ? Qu’il se reporte donc aux pa­ges 327-331 de cette édition, d’où nous extrayons les lignes suivantes : « Una cum famulo tuoSaint Paul nous recomman­de de prier pour nos pasteurs (…) Et antistite nostro N. () Il faut prier pour les pasteurs, parce qu’ils ont besoin de lu­mière et de force pour conduire maintenant leur troupeau. Et rege nostro. Saint Paul a ex­pressément recommandé de prier pour les rois (…) Et om­nibus orthodoxis… Il est encore juste de prier en général pour tous ceux qui se maintiennent dans la pureté de la foi. »

Après le P. Lebrun, citons la magistrale étude de Dom Botte et de Mlle Mohrmann sur L’or­dinaire de la messe (Abbaye du Mont César, 1953, p. 77, n. 1) : « Una cum ne diffère pas ou guère d’un simple cum », qu’il faut joindre non pas à offeri­mus (nous vous les offrons en union avec…) mais à Ecclesia tua : « nous vous les offrons pour votre Église… et avec elle, pour votre serviteur notre pa­pe » (quam… terrarum est une incise).

En outre, en traduisant ainsi, on respecte la structure habi­tuelle des prières d’intercession, où l’on prie successivement pour l’Église en général, pour l’évêque, tous les évêques, prê­tres, etc. Ainsi le vendredi saint : « Oremus pro Ecclesia… pro beatissimo papa nostro… pro omnibus episcopis… »

On a un emploi semblable de ce una cum dans l’Exsultet : « Precamur te ut nos… una cum papa nostro regere digneris. » Là encore, il ne s’agit pas de prier en communion avec le pape, mais de réunir en un seul tout l’Église : fidèles, clergé et pape.

Enfin, si una cum signifiait « en union avec », l’expression offerimus pro Ecclesia… una cum me famulo tuo indigno » employée par le pape, et celle employée par l’évêque « … una cum me indigno servo tuo » n’auraient aucun sens (« en union avec moi-même » !).

Il ne nous reste plus qu’à espérer que notre auteur voudra bien « se ressaisir et réviser sa position ».

Itinéraires, juillet-août 1982, N° 265

Ajout d’une conférence de Mgr Marcel Lefebvre en 1989 sur le même sujet :

https://youtu.be/VSEX8dCgC_U?si=V5lZOhOWNhEkPNkD