Le bulletin de Notre-Dame du Pointet (FSSPX, automne 2023) fait état d’une étude de son prieur, l’abbé Delagneau, des cérémonies de sacres épiscopaux conférés à quelques prêtres par Mgr Williamson, entre 2015 et 2022.

Étude est un mot trop fort car en fait il n’étudie rien mais condamne sans appel et en se moquant des raisons qui ont poussé le prélat à opérer de tels actes.

Le fait est avéré, quoiqu’en écrive notre auteur, que la Fraternité Saint-Pie X, par ses Supérieurs, a changé d’orientation depuis 2012, changeant le principe établi en 2006 lors de son chapitre général : « Pas d’accord pratique sans accord doctrinal ».

Depuis 2012 en effet, une succession d’accords pratiques (une reconnaissance par paliers selon le mot commun de Mgr Fellay et de Mgr Pozzo en septembre 2014) a eu lieu :

  • la confession avec juridiction (2015) ;
  • les ordinations reconnues par Rome de façon tacite (2015), bien que la suspens a divinis de 1976 soit toujours en vigueur ;
  • la juridiction des mariages (2017).

Tout ceci fait partie des accords pratiques alors que la doctrine est contraire. On fait des accommodements, une certaine paix est acquise : de plus en plus de mariages ont lieu dans les églises, voire cathédrales, avec la délégation accordée par l’évêque du lieu. Les dossiers de mariage (établis par les prêtres de la Fraternité) sont communiqués au diocèse où le mariage sera célébré, la déclaration d’intention d’un mariage où était signé le refus de la nouvelle orientation de la doctrine conciliaire relative à ce sacrement est à présent omise ou retirée du dossier.

Lorsque l’abbé Delagneau écrit : « Quant à dire que la Fraternité a fait des accords pratiques avec Rome parce que certains évêques nous donnent la juridiction pour les mariages sans aucune condition, cela n’a pas de sens ! », le titre de ce billet n’est certes pas exagéré. Il est amnésique ou de mauvaise foi. Peut-être les deux.

 

Il faut noter que plusieurs prêtres de la FSSPX en France refusent depuis mai 2017 cette délégation et de ce fait sont interdits par leurs Supérieurs de célébrer des mariages : aussi préparent-ils les fiancés, qu’ils aiguillent ensuite vers Mérigny ou Morgon (ces deux Communautés ayant toujours à ce jour refusé de célébrer des mariages avec la délégation). Comment se fait-il que l’abbé Delagneau passe sous silence cette réaction de plusieurs de ses confrères et de ces Communautés, la chose étant notoire et connue de lui ? Mauvaise foi…

« Nous continuons de dénoncer les erreurs graves de Rome ; nous ne sommes liés par aucun contrat ! »écrit le prieur du Pointet. Les trois accords pratiques évoqués ci-dessus ne sont-ils pas des contrats ? On aimerait savoir et entendre le prieur inamovible dénoncer les erreurs graves de Rome (l’occasion lui était offerte par ce bulletin, il ne le fait pas !).

Si l’abbé Delagneau était conséquent et logique avec ses propos (cités juste après ces mots), il n’aurait pas conclu ses quatre pages ainsi : « En apprenant ces nouvelles consécrations successives, j’ai été profondément peiné par Mgr Williamson (…) et pour Mgr Lefebvre qui, en le sacrant, lui avait fait confiance.

C’est le sentiment qui doit nous animer, en évitant de parler de ce sujet bien triste et bien déplorable. »

L’abbé Delagneau a en effet raté une occasion… de se taire !

Quant à nous, ces sacres successifs sont une source de joie. Peu importe le nombre de ceux qui sont appelés « Résistants ». Les frontières ont été bloquées dans certains pays durant l’épisode Covid, elles le pourront être encore, pour des motifs similaires, les gouvernants ayant mené la quasi-totalité du monde par le bout du nez, chacun (souvenez-vous en !) s’auto-attestant d’une marche d’un kilomètre autour de sa maison durant les années 2020. N’ayons pas la mémoire courte à ce point !

La dérision est aisée, le rictus méprisant est le fait d’un esprit suffisant et faible.

La vérité est ailleurs et trouve sa racine dans les causes qu’il convient de rechercher plus haut : si les âmes ont besoin de prêtres, a fortiori les évêques sont d’une nécessité vitale.

Qui sait si, dans l’avenir, des prêtres de la Fraternité n’iront pas quémander les saintes Huiles des évêques sacrés par Mgr Williamson, comme le cas s’est présenté après Pâques de cette année en Allemagne, ces prêtres refusant les Huiles saintes consacrées par Mgr Huonder au séminaire de Zaitzkofen ? (Notez d’ailleurs que ces Huiles ‘allemandes’ du Jeudi saint ont été données pour tous les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X résidant en Asie : dire que les Huiles auront été circonscrites dans un pays limité est faux.)

Si l’avenir ne nous appartient pas, seul le présent est à nous – en dépendance de Dieu – et les sacres faits par Mgr Williamson sont et seront sans doute précieux pour les jours à venir…

A bon entendeur…

Abbé Dominique Rousseau, 27 septembre 2023