Il est fort instructif de se pencher sur les insignes dont l’Évêque est revêtu. Si cette étude est utile en tout temps, elle revêt de nos jours une importance particulière et non dépourvue d’intérêt : nous savons que la sainte Église ne peut subsister sans évêques. En effet, sans eux, les prêtres et les fidèles sont voués à l’extinction, à court ou moyen terme et ce, pour plusieurs raisons :
- Sans évêque, pas de prêtre ;
- Dans l’Église, il y a deux parties : l’Église enseignante et l’Église enseignée. Prêtres et fidèles font partie de cette deuxième catégorie tandis que l’Évêque est de la première : il enseigne. La distinction est de taille.
Nous avons publié la réponse du Supérieur du Couvent d’Avrillé, à un prêtre qui relativisait le doute légitime sur les ordinations et les sacres selon le rite réformé de Paul VI (1968). Ceci nous fournit l’occasion d’étudier, à travers le rituel du Sacre d’un Évêque, les insignes que le nouvel évêque reçoit lors de cette cérémonie.
Lors de son Sacre, le nouvel Évêque reçoit plusieurs insignes :
- les Bas, les Sandales, qui signifient les vertus, surtout le zèle, qu’il doit avoir pour prêcher l’Évangile ;
- la Croix pectorale qui renferme ordinairement des reliques de la vraie Croix ou de saints martyrs ;
- les Tunicelles (rappelant la tunique du sous-diacre et la dalmatique du diacre), qu’il revêt sous la chasuble, représentant la plénitude du sacerdoce ;
- les Gants qui expriment le respect pour les choses saintes ;
- l’Anneau qui symbolise l’alliance spirituelle contractée par l’Évêque avec l’Église dont il est le pasteur ;
- la Mitre avec son couronnement rappelle les deux rayons de lumière qui éclairaient la figure de Moïse lorsqu’il revint de son entretien avec Dieu sur le mont Sinaï. Les deux faces et les fanons (ou bandes pendantes) de la mitre représentent la science des deux testaments, que l’Évêque doit posséder quant à l’esprit et quant à la lettre ;
- la Crosse rappelle la houlette du berger, qui est courbée pour saisir et ramener les brebis. La hampe et le pied aigu de la crosse symbolisent la fermeté et la vigilance.
Lisons à présent la bénédiction de quelques-uns de ces objets et tâchons de méditer la profondeur de ces prières.
La Crosse :
« O Dieu, l’appui de la faiblesse humaine (sustentator imbecillitatis humanæ), bénissez ce bâton pastoral, et faites par votre miséricorde que ce qu’il signifie extérieurement s’accomplisse intérieurement dans la vie de votre serviteur ; par Jésus-Christ Notre Seigneur. »
Puis, la lui remettant : « Recevez ce bâton, symbole de l’office de Pasteur ; afin que vous soyez miséricordieusement sévère dans la correction des vices, juge sans colère, entretenant doucement dans la pratique des vertus les esprits que vous aurez à gouverner, sans que cette paisible sévérité vous fasse oublier la censure des abus. »
L’Anneau :
« Seigneur, Créateur et Conservateur des hommes, auteur de la grâce d’en haut, distributeur du salut éternel, faites descendre votre bénédiction sur cet anneau, afin que celui qui portera ce signe sacré de la foi, défendu par une force toute céleste, soit conduit à la vie éternelle ; par Jésus-Christ Notre Seigneur. »
Puis, le lui remettant : « Recevez cet anneau, symbole de la fidélité inviolable avec laquelle vous devez garder l’Épouse de Dieu, c’est-à-dire l’Église. »
Note au sujet de cet objet :
A la différence des mains du prêtre, on ne baise pas celles de l’évêque. Le 18 mars 1909, le pape saint Pie X a attaché au baisement de l’anneau une indulgence de 50 jours applicables aux défunts.
La Mitre :
« Seigneur Dieu, Père tout-puissant, dont la bonté est si notoire et dont la puissance est sans bornes, source de tout bien, de tout don parfait, de toute beauté, daignez bénir et sanctifier cette mitre qui doit être mise sur la tête de cet Évêque votre serviteur, par Jésus-Christ Notre Seigneur. »
Puis, la lui remettant : « Nous imposons, Seigneur, sur la tête de cet Évêque, votre athlète, ce casque de défense et de salut ; que par lui, par cet ornement de son visage et cette armure de sa tête, il apparaisse terrible aux adversaires de la vérité par la double force des deux Testaments, et que, avec le secours de votre grâce, il soit un robuste combattant, vous qui aviez déjà orné de rayons lumineux le visage de votre serviteur Moïse s’entretenant avec vous, et qui aviez ordonné de placer une tiare sur la tête de votre pontife Aaron ; par Jésus-Christ Notre Seigneur. »
Les Gants :
« Créateur tout-puissant, qui après avoir formé l’homme à votre ressemblance, lui avez donné des mains capables de discernement, afin que l’esprit pût s’en servir comme d’un instrument pour faire le bien, lui ordonnant de les conserver pures et innocentes, afin qu’elles soient la digne image de l’âme et consacrent vos saints mystères ; daignez bénir et sanctifier ces gants, afin que toutes les fois qu’un des pontifes vos ministres en couvrira ses mains avec humilité, votre miséricorde répande la pureté dans son cœur et ses actions ; par Jésus-Christ Notre Seigneur. »
Puis, les lui remettant : « Environnez, Seigneur, les mains de ce Ministre de vos autels de l’innocence du nouvel homme descendu du ciel, afin que, comme Jacob, votre bien-aimé, par ses mains couvertes de peau de chevreau, obtint la bénédiction de son père, après lui avoir présenté à manger et à boire ; de même celui-ci, ayant offert par ses mains l’hostie salutaire, mérite d’obtenir la bénédiction de votre grâce : par Notre-Seigneur Jésus-Christ votre Fils, lequel, couvert de la ressemblance de la chair du péché, s’offrit à vous pour notre salut. »
Prions pour nos Évêques ! Qu’ils soient remplis des dons du Saint-Esprit dans le Ministère si important qui leur est confié, afin qu’ils confortent prêtres et fidèles dans la vraie Foi, sans compromission avec l’erreur, l’Espérance vive des biens éternels et une Charité sans faille, au service du Christ-Roi.
Abbé Dominique Rousseau
2 novembre 2023