Qu’est-ce que le purgatoire ?
Le purgatoire est le lieu et l’état où souffrent les âmes des justes morts, en état de grâce, mais qui ont encore l’obligation de subir une peine temporaire due à leurs péchés véniels non encore remis, ou à leurs péchés mortels ou véniels déjà remis mais non encore suffisamment expiés.
L’existence du purgatoire est-elle un dogme de foi ?
Oui. Elle a été affirmée infailliblement par l’Eglise, en particulier au deuxième concile de Lyon (XIIIe siècle), au concile de Florence (XVe siècle) et au concile de Trente (XVIe siècle).
A ces déclarations des conciles, il faut ajouter le témoignage de la liturgie. Le fait que l’Eglise, dans sa prière publique, depuis tant de siècles, adresse des suffrages pour les âmes qui sont en purgatoire, est une preuve irréfutable de l’existence de ce lieu de purification. L’Eglise, assistée par le Saint-Esprit, ne pourrait se tromper dans une telle matière.
Peut-on trouver un fondement de l’existence du purgatoire dans la Sainte Ecriture ?
Oui, dès l’Ancien Testament. Le passage le plus clair se trouve dans le deuxième Livre des Machabées (12, 43-46) où Judas Machabée « ayant fait une collecte où il recueillit la somme de deux mille drachmes, l’envoya à Jérusalem pour être employée à un sacrifice expiatoire (pour les morts) ». Or, dit saint Thomas d’Aquin « on ne prie ni pour les morts du Ciel, ni ceux de l’enfer ». Il ne peut donc s’agir ici que des morts du purgatoire. Dans le Nouveau Testament, il y a en particulier ce passage de l’apôtre saint Paul (2 Cor. 3, 10-15) « le feu éprouvera ce qui est l’ouvrage de chacun ».
Comment peut-on justifier raisonnablement l’existence du purgatoire ?
Au moment de la mort, il arrive souvent que la peine due à nos péchés déjà pardonnés reste encore à subir, du moins en partie.
Il reste aussi souvent dans l’âme, de mauvaises dispositions dues à l’habitude de certains péchés. Ces mauvaises dispositions sont comme une rouille sur l’âme, que le feu du purgatoire devra purifier.
Quelle est la peine principale au purgatoire ?
La peine la plus douloureuse pour les âmes du purgatoire, et qui est plus douloureuse que toute peine de la vie présente, est de ne pas encore voir Dieu face à face.
En effet, au purgatoire, le temps des illusions est terminé. Aucune créature ni occupation ne peut détourner l’âme de cette vérité essentielle : elle est faite pour Dieu, elle devrait le voir et en avoir un bonheur inimaginable, mais par sa faute, elle ne le voit pas encore.
Prenons quelques exemples pour mieux comprendre :
-imaginons que nous attendons quelqu’un à une heure précise pour traiter une affaire très grave et il tarde à venir !
-imaginons encore qu’un jour où nous avons très faim, notre repas est retardé de plusieurs heures !
Ces exemples ne donnent pourtant qu’une faible idée de la souffrance des âmes du purgatoire, car de même que la joie la plus grande pour l’âme ne peut venir que de la vision de Dieu qui seul peut la combler, la douleur la plus grande vient du retard de cette vision. Que penser de la douleur des âmes en enfer privées de cette vision pour toujours !
Y a-t-il une autre peine au purgatoire ?
Oui, c’est une peine des sens. C’est elle qui fait réparer l’attachement désordonné que nous avons pu avoir parfois sur cette terre pour certaines créatures.
L’Eglise enseigne communément que c’est une peine de feu. Des apparitions authentiques d’âmes du purgatoire l’ont d’ailleurs confirmé. Au Vatican, il existe un musée du purgatoire contenant des objets brûlés au contact d’âmes du purgatoire au cours d’apparitions certifiées.
Y a-t-il de la joie au purgatoire ?
Oui. C’est la joie indicible d’être sauvé pour toujours, joie qui surpasse toutes les joies de cette terre.
Comment douleur et joie peuvent-elles coexister au purgatoire ?
Parce que ces âmes offrent volontairement leurs souffrances, acceptent cette purification. Elles ne voudraient pas paraître devant le Dieu trois fois saint sans être parfaitement pures. Leur joie augmente d’ailleurs au fur et à mesure que leur purification approche et donc que le temps de voir Dieu approche.
Quels fruits spirituels personnels peut-on tirer de la méditation sur le purgatoire ?
- Un sens plus profond de la sainteté de Dieu.
- Une plus grande ferveur dans le service de Dieu et du prochain.
- Un plus grand zèle pour éviter le péché et déraciner nos mauvaises habitudes.
- Un désir de réparer nos péchés dès maintenant alors que nous pouvons encore mériter et satisfaire, tandis qu’au purgatoire, les âmes ne peuvent plus que souffrir et donc ont à subir une réparation plus rigoureuse en stricte justice.
La Nouvelle Messe de Paul VI n’a-t-elle pas effacé une grande partie de la doctrine de l’Eglise sur le purgatoire ?
Oui hélas, et ceci a été fait pour plaire aux protestants qui ne croient pas qu’on ait à réparer pour nos péchés et pour qui une simple confiance naturelle en Notre-Seigneur suffit pour être sauvés, et aussi pour plaire au monde actuel qui n’aime pas entendre parler de réparation.
Ainsi, dans la liturgie rénovée des défunts, il n’est plus fait allusion à l’enfer, les phrases faisant clairement référence au purgatoire, lieu de souffrance et de réparation, ont été supprimées. Le mot « âme » a même été enlevé de presque toutes les oraisons.
Beaucoup de cérémonies d’enterrements actuels ressemblent d’ailleurs plutôt à des cérémonies de canonisation où les défunts sont déjà « dans la lumière du Père ».
Peut-on aider les âmes du purgatoire ?
Oui, par la communion des saints. Ces âmes ne peuvent rien faire pour elles-mêmes, ne peuvent en rien abréger leurs souffrances. Mais nous qui sommes sur terre, pouvons, si nous sommes en état de grâce, mériter pour elles et obtenir l’abrégement de leurs souffrances.
Comment aider les âmes du purgatoire ?
Par nos prières, bonnes actions, sacrifices, en gagnant des indulgences pour elles et en offrant des Messes à leur intention.
Aidons les âmes du purgatoire. Non seulement Dieu nous récompensera de lui donner plus tôt des âmes qui vont le glorifier dans le Ciel, mais ces âmes ne manqueront pas de nous aider en retour, avant et même après leur délivrance.
Bibliographie : R.P. Garrigou-Lagrange O.P., L’éternelle vie, Paris, Desclée de Brouwer, 1950
Père Marie-Dominique O.P.
Extrait du Bulletin « Le Bastion », 2006