Il est opportun et nécessaire d’insister sur cette vérité.

 En effet le 3 décembre dernier, l’évêque de Reims a affirmé que « le Christ n’est pas venu bâtir des nations catholiques mais il est venu fonder l’Église. »

C’est un sophisme. Il oppose deux vérités complémentaires, en s’appuyant, dit-il, sur l’enseignement du concile Vatican II, opposé à toute la Tradition de l’Église et à l’Évangile lui-même.

C’est contraire à l’Évangile.

« Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » Notre-Seigneur prononce ces paroles le jour où il quitte ses apôtres, à l’Ascension. Durant quarante jours, il leur a parlé du Royaume de Dieu, c’est-à-dire de l’Église. Il s’agit à présent d’enseigner toutes les nations. A moins d’être de mauvaise foi, il est évident que cet ordre implique que les nations croient au Christ, deviennent catholiques, ce mot signifiant l’universalité. Toutes les nations, par la prédication, doivent devenir catholiques. Ce sera la mission des apôtres. Les Actes des Apôtres manifestent bien leur volonté, soumise à celle du Saint-Esprit qui est Dieu, de faire des Juifs et des Gentils (les païens) des disciples de Notre-Seigneur, car « il n’y a que par ce Nom qu’on puisse être sauvé ». Et peu à peu non seulement les personnes deviennent chrétiennes, mais les cités elles-mêmes le deviennent. D’où les lettres de saint Paul à Corinthe, à Ephese et tant d’autres villes du bassin méditerranéen. Des nations, de païennes qu’elles étaient, deviennent catholiques.

C’est contraire à la Tradition.

Le pape Pie XI, résumant les siècles qui le précèdent, instaurera en 1925 une fête particulière en l’honneur du Christ-Roi. Je me permets de citer Mgr Lefebvre dans son ouvrage « Ils L’ont découronné » (p. 96-97) :

« Lisez seulement la magnifique Encyclique de Pie XI : Quas primas du 11 décembre 1925 sur la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ ! Cette doctrine y est exposée avec une limpidité et une force admirables ! Je me souviens encore du moment où, jeune séminariste à Rome, je reçus ainsi que mes confrères cet enseignement pontifical : avec quelle joie, quel enthousiasme nous la commentèrent nos maîtres ! Relisez cette phrase, qui écrase définitivement le laïcisme de l’État :

« Les États, à leur tour, apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d’obéir à ses lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le jugement final, où le Christ accusera ceux qui L’ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui L’ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et tirera de pareils outrages la plus terrible vengeance ; car sa dignité royale exige que l’État tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens dans l’établissement des lois, dans l’administration de la justice, dans la formation intellectuelle et morale de la jeunesse, qui doit respecter la saine doctrine et la pureté des mœurs ».

Désormais, l’Église par sa liturgie, chante et proclame le règne de Jésus-Christ sur les lois civiles. Quelle plus belle proclamation dogmatique, même si elle n’est pas encore ex cathedra !

II aura fallu toute la rage des ennemis de Jésus-Christ pour parvenir à lui arracher sa couronne, quand, en application du concile de 1962, les novateurs supprimèrent ou tronquèrent ces trois strophes de l’hymne des premières Vêpres de la fête du Christ-Roi :

 « Scelesta turba clamitat

Regnare Christum nolumus,

Te nos ovantes omnium

Regem supernum dicimus. (St. 2)

 

Te nationum praesides

Honore tollant publico

Colant magistri, judices

Leges et artes exprimant. (St. 6)

 

Submissa regum fulgeant

Tibi dicata insignia,

Mitique sceptro patriam

Domosque subde civium. » (St. 7)

 

En voici la traduction :

« Une foule scélérate vocifère

Du Règne du Christ nous ne voulons

 Mais c’est Toi que nos ovations

Proclament souverain Roi de tous.

 

Qu’à Toi les chefs des nations

Apportent public hommage !

Que T’honorent maîtres et juges,

Que lois et arts Te manifestent !

 

Que brillent par leur soumission

Des rois les étendards à Toi consacrés

Et qu’à Ton doux sceptre se soumettent

Des citoyens la patrie et les foyers. »

 

 

Il est un adage : « Lex orandi, lex credendi – La loi de la prière est la loi de la Foi. »

 On prie comme on croit : nous professons que le Christ est le Roi des Nations, comme il l’est des individus. Nous professons par nos prières cette vérité, niée par les fauteurs de Vatican II et de leurs successeurs, dont l’évêque de Reims, bien piètre successeur de saint Rémi.

Il est le Roi des Nations : c’est ce que la Liturgie chante dans les « Antiennes O », le 22 décembre (antiennes que nous lirons à partir du 17 jusqu’au 23).

 Tenons-nous écartés, pour protéger notre foi et celle de ceux dont nous avons la charge, de pasteurs déguisés en peau de mouton mais dont la voix est celle des loups.

 Proclamons hautement la Royauté de Notre-Seigneur sur tout ce qui existe : c’est le but de l’Incarnation.

 Jésus est venu bâtir des nations catholiques et il est venu fonder l’Église.

 

Abbé Dominique Rousseau

16 décembre 2023