Nous appelons l’Eglise notre mère, et elle l’est en réalité. Ce titre n’est pas qu’un simple mot. Mère des âmes, l’Eglise en a les fonctions et de ce point de vue, elle est éducatrice. L’un de ses grands moyens s’appelle la liturgie.

La liturgie est le culte extérieur et public que l’Eglise rend à Dieu. Autrement dit, c’est la pratique extérieure de nos devoirs de religion envers Dieu, pratique qui exprime d’une part notre dévotion intérieure et qui l’excite d’autre part. La liturgie est donc essentiellement ordonnée à Dieu.

L’homme étant composé d’âme et de corps, c’est à dire d’esprit et de chair, le culte rendu à Dieu doit nécessairement être l’action de l’âme et du corps. Du reste l’expérience quotidienne montre bien que le corps participe à toutes les actions de l’homme, même les plus spirituelles. Le culte religieux correspond aussi à la façon d’être de l’homme : il se doit d’être sensible et s’exprime dans les rites dont l’Église est le législateur.

L’homme a besoin de beau : il y trouve, en même temps qu’un repos sensible, une élévation de l’âme à des réalités supérieures, tant il est vrai que « le beau est la splendeur du vrai » (Platon). C’est ainsi que les rites élèvent l’âme à Dieu et la disposent à prier. La liturgie s’adresse en effet à toute la sensibilité humaine. Par les cérémonies, les ornements, les décors, les ministres, les chants, l’encens, ce sont la vue, l’ouïe et l’odorat qui sont touchés. Mais par là, l’âme est portée vers Dieu, elle est élevée et éduquée. Tous les détails engendrent dans l’âme les différents sentiments qui correspondent aux mystères célébrés. Et cette même liturgie apprend le respect par ses génuflexions, les encensements (même les morts !), ses inclinations, la tenue. L’autorité s’y manifeste par la hiérarchie entre clercs et laïcs, par l’enseignement. Toutes les vertus y trouvent leur application !

Mais à nouvelle génération, nouvelle éducation, nouvelle liturgie donc ! La liturgie moderne est fille du siècle et des nombreux compromis avec le monde. De ce point de vue elle est inacceptable car non seulement elle ne rend plus le culte dû à Dieu, mais en plus elle n’éduque plus l’âme aux vertus morales et théologales. La réforme liturgique de 1969 fait bien suite à la révolte de mai 1968 et manifeste hélas l’esprit révolutionnaire et décadent qui a pénétré dans l’Église.

Soyons donc conséquents : si nous voulons garder la liturgie traditionnelle, c’est excellent car elle éduque l’âme. Oui, mais si nous voulons que cette liturgie produise ses effets de vie en l’âme de nos enfants, sachons leur apprendre le respect des rubriques qui engendrent la vertu et n’allons pas contredire cet enseignement en faisant quelques compromis éducatifs avec le monde.

Afin que ces mots ne restent pas dans le vague ou dans le domaine purement intellectuel, soyons concrets.

Voyez par exemple comment est vêtu le prêtre lorsqu’il célèbre la messe : avant de mettre la chasuble, voici tous les vêtements liturgiques qu’il porte : amict, aube, cordon, manipule, étole et enfin la chasuble. L’évêque pour les cérémonies pontificales en met davantage encore : les tunicelles (tunique et dalmatique), les gants. Et tout ceci, été comme hiver. En cette saison-ci, ces ornements lui apportent une certaine chaleur quand il fait froid dans l’église ; en été, il fait déjà chaud et ces vêtements n’apportent au prêtre aucune fraîcheur, bien au contraire ! Peu importe, il n’y a pas de dérogation : les rubriques demeurent, quelle que soit la saison. Que les fidèles tiennent compte de ces rubriques et les fassent leur, été comme hiver.

Bienheureux les fidèles dont les pasteurs rappellent les règles de l’Église notre Mère en ce qui concerne la façon d’être vêtus dans les églises, surtout pour les Offices.

Nous y reviendrons.

Sacerdos