Pour compléter les trois articles relatifs aux Rois Mages, ajoutons en guise de conclusion un mot sur la galette traditionnelle.

 

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Cette galette fait bien sûr suite à un festin qui rassemblait les familles chrétiennes, en souvenir de la fête que firent au pauvre Enfant Jésus les Rois venus de l’Orient, pour lui offrir des présents et l’adorer.

 

Le caractère spécial de cette joie autour d’une table où l’on mangeait, où l’on buvait, où l’on se réjouissait en un mot, c’était l’exaltation d’un petit salué roi. Aussi n’était-ce pas ordinairement le maître de maison que la fève venait trouver, et le sort apportait souvent la fève à l’un des moindres convives.

 

Jean d’Oronville rapporte ainsi la manière dont Louis II, duc de Bourbon, faisait son roi.

 « Vint le jour des rois ou le duc de Bourbon fit grande fête et chère lie, il fit son roi d’un enfant en l’âge de huit ans, le plus pauvre que l’on trouva en toute la ville, le faisant vêtir en habit royal en lui baillant tous ses officiers pour le gouverner, et faisant bonne chère à celui roi pour révérence de Dieu ; et le lendemain dînait ce roi à la table d’honneur ; après venait son maître d’hôtel, qui faisait la quête pour le pauvre roi auquel le duc Louis de Bourbon donnait communément quarante livres pour le tenir à l’école, et tous les chevaliers de la cour chacun un franc et les écuyers chacun à demi-franc ; si montait la somme aucunes fois près de cent francs (cette somme était considérable et permettait de faire des études secondaires) que l’on baillait au père ou à la mère pour les enfants qui étaient rois à leur tour être enseignés à l’école sans autre œuvre, dont maints d’iceux en vivaient en grand honneur ; et cette belle coutume tint le vaillant du duc Louis de Bourbon tant comme il vêquit. »

Telle était la vraie récréation de l’Épiphanie et de là l’usage dans presque toute la France de réserver la part-Dieu, c’est-à-dire la part du pauvre, au gâteau des rois. Et quelle belle et bonne joie de porter de la part-Dieu par la neige dans une chaumière ! Il y avait aussi la part de l’absent soigneusement serrée au buffet et qu’un enfant venait recevoir. Les enfants se croient autorisés ce jour-là en divers pays à quêter des étrennes en portant une étoile de feu. »

 

Conclusion. La fête des Rois est celle qui élève les petits pour les rendre rois ; elle a été inventée par l’enfant Jésus et c’est une invention dont il a donné le brevet et le monopole à la seule Église.

Hors de l’Église, point d’amour pour les petits.

 

Extraits et résumé de « Les Bergers et les Mages à la crèche », de Mgr Gaume