
Première partie
Avant que le cycle de Noël et de l’Épiphanie ne soit clos et ne cède la place à la Septuagésime puis au Carême, nous voudrions ajouter aux articles déjà publiés quelques mots sur ceux qui vinrent adorer le Roi des rois, Notre-Seigneur Jésus-Christ, avant que la Sainte Famille ne doive quitter Bethléem pour un pays inconnu – l’Égypte -, afin de fuir la colère déicide du roi Hérode.
Tout ce que nous allons relater de ces premiers adorateurs du vrai Dieu fait Chair provient d’une lecture que nous avons faite de Mgr Gaume, que nous nous proposons de résumer.
Lisons d’abord le récit évangélique :
« Et Marie enfanta son Fils premier-né, et Elle L’enveloppa de langes, et Le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.
Et il y avait, dans la même contrée, des bergers qui passaient les veilles de la nuit à la garde de leur troupeau.
Et voici qu’un Ange du Seigneur leur apparut, et qu’une lumière divine resplendit autour d’eux ; et ils furent saisis d’une grande crainte.
Et l’Ange leur dit : Ne craignez point ; car voici que je vous annonce une grande joie qui sera pour tout le peuple : c’est qu’il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et vous Le reconnaitrez à ce signe : Vous trouverez un Enfant enveloppé de langes, et couché dans une crèche.
Au même instant, il se joignit à l’Ange une troupe de l’armée céleste, louant Dieu, et disant :
Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté.
Et il arriva que, lorsque les Anges les eurent quittés pour retourner dans le Ciel, les bergers se disaient l’un à l’autre : Passons jusqu’à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.
Et ils y allèrent en grande hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et l’Enfant couché dans une crèche.
Et en Le voyant, ils reconnurent la vérité de ce qui leur avait été dit au sujet de cet Enfant.
Et tous ceux qui l’entendirent admirèrent ce qui leur avait été raconté par les bergers.
Or Marie conservait toutes ces choses, les repassant dans son cœur.
Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qu’il leur avait été dit. » (Lc 2, 7-20)

Les bergers
Nous pouvons nous demander : comment se fait-il que des bergers puissent se trouver dans la campagne durant la nuit ? De nombreux troupeaux de moutons paissaient dans ces contrées et il fallait protéger le bétail, jour et nuit, contre les bêtes sauvages et les voleurs, non moins féroces ! Ainsi des tours de garde étaient organisés. La nuit surtout, les bergers faisaient des veilles. Saint Luc est net à ce sujet : « Il y avait des bergers qui gardaient tour à tour leurs troupeaux, suivant les veilles de la nuit. » (Lc 2, 7)
Ces veilles duraient trois heures chacune. C’est ainsi aux heureux bergers de garde vers minuit, que l’Ange du Seigneur parut près d’eux, et une clarté céleste les environna, et ils furent saisis d’une grande crainte. Mais ils firent ce que l’Ange leur avait demandé : « Passons jusqu’à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. »
La Tradition rapporte que trois bergers (ceux de garde à ce moment-là) se rendirent à la crèche où l’Enfant venait de naître. Le pape Benoît XIV déclare : « D’après tous les témoignages reçus, nous affirmons avec assurance qu’il y eut trois bergers adorateurs, et qu’il n’y en eut que trois. »
Sainte Hélène fit bâtir sur l’emplacement de la tour d’Ader (lieu de la garde des bergers) une magnifique église et les corps des saints bergers, vénérés dans l’Eglise d’Orient, reposèrent là jusqu’au milieu du neuvième siècle époque vers laquelle l’église tomba en ruines. Leurs corps furent ensuite transportés à Jérusalem où ils demeurèrent jusque vers l’an 960, puis leurs reliques furent apportées en Espagne, dans la ville de Ledesma, près de Salamanque. Le 16 juillet 1864, l’évêque de Salamanque fit transporter leurs reliques dans l’église cathédrale et un parchemin atteste la présence de ces trois Bergers : « Glorieux Joseph, Isaac et Jacob, pasteurs de Bethléem, qui ont mérité de voir et d’adorer les premiers le Christ Dieu et homme né dans l’étable. »
A suivre…