En ce jour de la Maternité divine de la Bienheureuse Vierge Marie, fête qui est la racine de tous ses privilèges, nous publions le commentaire que le Cardinal Pie fit de l’Antienne des Laudes de cette fête.

La Rédaction, 11/10/2023 

PARAPHRASE DE L’ANTIENNE Sancta Maria.

Cardinal PIE

1. Secourez les malheureux.

2. Aidez les pusillanimes.

3. Consolez les affligés.

4. Priez pour le peuple.

5. Intervenez pour le clergé.

6. Intervenez pour le dévot sexe féminin.

7. Enfin, ô Marie, que tous ceux-là ressentent votre protection, qui célèbrent votre glorieuse intronisation.

 

1. Secourez les malheureux.

« Sainte Marie, secourez les malheureux : Sancta Maria, succurre miseris ! » Oui, en ce jour solennel, où cette illustre province d’Aquitaine, qui est l’un des plus riches fleurons de la France et de l’Église, vous décerne un triomphe si éclatant, ah ! daignez, du haut de ce dôme qui va devenir votre piédestal, daignez abaisser sur le monde vos yeux, ces yeux si pleins de douceur et de miséricorde ! Chap. XVIII, 2 ; t. V, I.

 

2. Aidez les pusillanimes.

Juva pusillanimes : Aidez les faibles, les pusillanimes. Mes Frères, la défaillance est partout : défaillance chez les princes, défaillance chez les peuples, défaillance chez les individus, trop souvent, hélas ! défaillance même chez les chrétiens. Les méchants sont nombreux : je le veux, plus nombreux qu’à d’autres époques : c’est possible. Cependant, ce qui est certain, c’est que les méchants sont le très petit nombre en comparaison des faibles. 

Et, ce qui est effrayant, c’est que la faiblesse est dans les intelligences plus encore que dans les volontés et les caractères ; ou plutôt, les volontés sont sans force, les caractères sans décision, parce que les intelligences sont sans lumière, sans conviction. Les desseins sont mous, les résolutions sont incertaines, parce que l’esprit qui les conçoit n’a pas de vues nettes et arrêtées. Par un juste jugement de Dieu, l’affaiblissement de la foi a entraîné l’affaiblissement de la raison et du sens naturel. Notre temps a la prétention d’être celui des esprits forts : l’histoire l’appellera le temps des esprits faibles.  Chap. XVIII, 3 ; t. V, I.

 

3. Consolez les affligés.

Refove flebiles : Consolez les affligés. Mes Frères, je parle ici aux vrais chrétiens, à ceux qui ont le cœur haut, à ceux qui ont le sens et l’amour de l’Église, à ces fils d’Israël qui ouvrent la fenêtre à toute heure du jour et de la nuit pour regarder du côté de Jérusalem et du temple ; et a ceux-là je dis : Mes frères bien-aimés, pontifes, prêtres, fidèles, que faisons-nous depuis plusieurs années que de pousser des soupirs ? Tout cœur est dolent, toute tête est languissante. Cela nous avait été annoncé. Le monde, qui est terrestre, et qui ne regarde, qui ne flaire que la terre : de terra terrenus ; le monde occupé par les affaires, absorbé par la spéculation, enivré par les honneurs, distrait par les plaisirs ; le monde, avec plus ou moins de sécurité pour le présent et de confiance dans l’avenir, continuera de se réjouir : mundus gaudebit ; tandis que vous, enfants de Dieu, vous serez dans la tristesse : vos autem contristabimini. Ce que Jésus a prédit arrive. Chap. XVIII, 4 ; t. V, I.

 

4. Priez pour le peuple.

Ora pro populo : Priez pour le peuple. M. F., dans la langue de l’Église, le peuple fidèle, le peuple de Dieu, ce n’est pas seulement un assemblage d’individualités, c’est ce concert des nations chrétiennes, que nos pères ont appelé la chrétienté, la république chrétienne ; c’est ce que David avait prophétisé quand il parlait du contrat à intervenir entre les peuples et les rois pour le service du Seigneur : In conveniendo populos in unum et reges ut serviant Domino.

Jésus est le roi des nations ; son sceptre s’étend sur les peuples. Tous ne lui obéissent pas ; il y a des peuples croyants, des nations fidèles ; il y a des peuples infidèles, des nations apostates : gentes apostatrices. Or, le but que la révolution poursuit, le triomphe qu’elle proclame être réservé à notre siècle, la mission qu’elle s’adjuge et dont elle se glorifie par la bouche de ses coryphées d’aujourd’hui, c’est l’anéantissement du christianisme public, le renversement de l’orthodoxie sociale. Chap. XVIII, 5 ; t. V, I.

 

5. Intervenez pour le clergé.

Interveni pro clero. Et parce que le peuple chrétien ne subsiste qu’à l’aide de la doctrine et de la grâce dispensées par le sacerdoce, c’est un orage plus terrible, une tempête plus effroyable que jamais contre le clergé. Le monde laïque, ce qui veut dire le monde émancipé de Jésus-Christ et de l’Église, le monde laïque a résolu d’humilier, d’anéantir la puissance ecclésiastique. Chap. XVIII, 6 ; t. V, I.

 

6. Intervenez pour le dévot sexe féminin.

Intercede pro devoto femineo sexu : Intercédez pour le dévot sexe féminin. L’Église, qui subsiste par la hiérarchie, subsiste aussi par la prière des saintes âmes, vouées à la pratique des conseils et de la perfection évangélique. L’ennemi le sait, et il porte l’attaque également de ce côté. Il a organisé un système de suspicions, d’accusations, de dénigrements, contre ce qu’il appelle « l’élément congréganiste ». Les ordres religieux sont chaque matin dénoncés, menacés dans leur réputation, dans leur existence, dans leurs œuvres. Hélas ! et l’expérience nous l’a appris, ces dénonciations, ces menaces obtiennent tôt ou tard leur effet. Sainte Marie, intercédez en faveur de ces familles religieuses qui se placent sous votre égide ; intercédez pour ces vierges consacrées, qui sont votre cortège de prédilection de la terre, jusqu’au jour où elles seront votre cortège des cieux ; pour ces maisons de la pénitence, de l’oraison, de la psalmodie, de la charité qui sont, même au profit de ceux qui les poursuivent de leurs calomnies, le plus puissant rempart contre les foudres du ciel. Chap. XVIII, 7; t. V, I.

 

7. Enfin, ô Marie, que tous ceux-là ressentent votre protection, qui célèbrent votre glorieuse intronisation.

Sentiant omnes tuum juvamen, quicumque celebrant tuam sanctam commemorationem : Enfin, ô Marie, que tous ceux-là ressentent votre protection qui célèbrent aujourd’hui avec nous votre glorieuse intronisation, votre mise en possession du titre de Notre-Dame d’Aquitaine. Chap. XVIII, 8 ; t. V, I.