
Stabilité
Notre idéal est l’union à Dieu, vous en convenez tous, catholiques baptisés, croyants et pratiquants. Qui est Dieu, sinon la Stabilité par excellence : Dieu ne change pas, car il est l’Être qui subsiste par lui-même. Il n’y a en Lui aucun mouvement, aucun changement, il n’a ni passé ni futur. En un mot, il EST, au présent, de toute éternité. Quel mystère… Cette vérité plonge les saints dans un ravissement, parfois même, l’extase.
De la méditation de cet état divin, les hommes que nous sommes veulent y participer. Mais comment ? Nous sommes si faibles, fragiles, inconstants, nos (bonnes) résolutions sont si volatiles et éphémères… Nous voyons bien et combien nous sommes instables, bien que catholiques : dans nos pensées, sentiments, déterminations (trop vite abandonnées, ou du moins diminuées). C’est vraiment un souci… ! Le matin nous projetons d’entreprendre bien des choses dans la journée et, le soir, quand nous nous retournons et regardons le sillon, nous constatons qu’il a à peine été tracé, et souvent avec tant de pointillés, de zigzags… Quel est le problème ? Où est la faille ?
Nous sommes inconstants : la volonté n’est pas armée. Après le poète Ovide, saint Paul se plaignait de cet état : l’intelligence sait ce qu’il faut faire, la volonté s’en détourne. Pourquoi ? Parce que c’est difficile. Notre volonté redoute l’effort.
Il est vrai que la société dans laquelle nous nous trouvons ne porte pas à la stabilité. Voyez tous ces gouvernements qui se succèdent les uns après les autres, tous plus chaotiques les uns que les autres. Quel cirque… Le grand cardinal Pie l’avait prédit à Napoléon III : « Sire, lui dit-il en substance, tant que le Christ ne règnera pas sur les sociétés, les gouvernements ne dureront pas. » Il en est de même pour l’Église : depuis soixante ans, Notre-Seigneur n’est plus l’unique Principe, la Vérité hors de laquelle tout n’est qu’erreur, hérésie…
Il nous faut donc être chrétiens : ce n’est pas seulement un nom, c’est une réalité. Nous mettons-nous à genoux ? Faisons-nous oraison chaque jour, en face de notre Dieu, stable, immuable ?
Le secret est là : l’oraison. Apprenons à nos enfants, dès l’aurore de leur vie, à connaître cet attribut divin, par la prière silencieuse. Dans le silence de la méditation (courte puis peu à peu progressive), ils sont capables de saisir la grandeur de Dieu, pour en vivre toute leur vie durant. Alors ils seront stables dans la pratique des vertus. Rien n’est spontané !
Les Chartreux avaient raison avec leur noble devise : « Stat Crux, dum volvitur orbis – La Croix demeure, tandis que le monde tourne. »
Scutum fidei – N° 25 – Automne 2025