Sous le patronage de saint Thomas d’Aquin, ange de pureté, voici quelques textes choisis pour magnifier cette si haute vertu.

La rédaction, 12 juin 2024

 

 

ÉDUCATION VIRGINALE

TOUT l’Évangile est virginal. Jésus, et Marie sa mère, ont vécu dans la virginité ; Il l’a conseillée aux siens, sans déprécier d’ailleurs le mariage, comme le plus haut état de vie. Il a donné en quelques phrases la loi austère de toute chasteté, virginale ou conjugale. La discrétion, la délicatesse, la réserve de l’Évangile en cette matière sont infinies. Pur comme une flamme, saint Paul est bien plus cru dans son langage. Il avait affaire à des gens à qui il fallait parler clair et mettre les points sur les i. Le Verbe incarné n’a point cru qu’il dût condescendre à parler longuement de la chair et a laissé à ses Apôtres le soin de se colleter avec les péchés dont elle est la cause. Mais il a dit une parole qui éclaire tout : « au ciel on ne se mariera pas, les élus seront comme des anges de Dieu, erunt sicut angeli Dei. » Notre vie terrestre, durât-elle des siècles, n’est que la courte préface à un livre qui n’aura pas de dernière page. C’est donc sur cette vie éternelle que doit se concentrer tout l’intérêt, toute la volonté du chrétien : « que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? » Croire cela, et braquer et hypnotiser le chrétien sur le sexe, quelle indécence, quelle sottise, quelle absurdité, quel non-sens ! Et en éducation, quel crime ! Ces gens qui n’ont à la bouche que « la dignité de la personne humaine », et qui en même temps la ravalent au niveau de ce qui en elle est le moins digne de la personne, quels tartuffes ! L’enfant est une personne humaine ; tout l’Évangile nous dit qu’il faut l’élever dans la vue constante de ce qu’il est en tant que personne. Grandeur et misère de l’homme ! Mais il faut bien voir où se situent cette grandeur et cette misère : la grandeur c’est d’être une vraie personne, la misère, de n’être qu’une personne humaine. La résurrection de la chair corrigera ce paradoxe. Jusque-là, il s’en faut accommoder et dire que le bien de la personne humaine en tant qu’humaine, c’est le mariage, et que le mieux de la personne humaine en tant que personne, c’est la virginité.

Comme l’éducateur doit viser haut, toute éducation doit être virginale.

D’abord quant aux éducateurs. L’Église tant qu’elle en a été maîtresse, a préférablement, sinon de façon exclusive, confié l’éducation des enfants à des Instituts religieux. En dépit des déclarations contraires, telle est encore sa préférence. Ces déclarations du reste, ne sont pas sincères, elles ne sont que le camouflage d’une défaite en victoire. Il n’y a plus de vocations et on fait ce qu’il faut pour qu’il en ait de moins en moins, alors on affecte de dire que les enfants sont mieux élevés par des éducateurs mariés. Mensonge parmi tant d’autres.

Ensuite quant à l’enfant lui-même : il faut l’attirer à la piété, à la connaissance et au goût des choses divines qui seront sa joie éternelle. Qu’il « habite par avance dans les cieux », que ses pensées soient, comme dit saint Paul, « de tout ce qui est vrai, de tout ce qui est pur, de tout ce qui est aimable, de tout ce qui est de bon renom » (Phil. 4,8). En temps opportun, lorsque depuis longtemps déjà il est à Dieu dans son cœur, il prendra conscience sans trouble, sans secousse, sans obsession, de sa masculinité ou de sa féminité ; cette partie de son éducation – et de lui-même – viendra s’insérer avec le concours de ses parents et de ses éducateurs, dans un système déjà formé de valeurs chrétiennes, où le sexe ne risque pas d’avoir plus que sa place, l’une des dernières en vérité, si l’adolescent a déjà pris conscience de sa vraie dignité de personne, qui vient toute de sa capacité de Dieu. Ainsi rien ne s’opposera en lui, ni à une éventuelle vocation virginale, ni au mariage chrétiennement compris, lequel, s’il comporte nécessairement un aspect charnel, le transcende continuellement.

La mixtité (et non mixité, ces cuistres ne savent pas le français) est en train de ravager tout cela. Ses promoteurs, si haut placés qu’ils soient, sont en état de damnation. Ils jettent par milliers de malheureux enfants dans une occasion prochaine de péché. Et quand ces garçons et ces filles seraient tous sans exception des héros et des héroïnes, qui résisteraient à toutes ces occasions et tentations (mais qui le croira ?), a-t-on le droit de les y précipiter, de les y maintenir ? « Et moi je vous dis que quiconque regarde une femme avec convoitise, a déjà commis la fornication avec elle dans son cœur. » Et réciproquement ! Seigneur Jésus, qui avez dit aussi que nous devons devenir comme de petits enfants inconscients de leur sexe si nous voulons devenir comme des anges dans votre royaume, que ferez-vous dans votre justice de ces atroces corrupteurs, dont vous avez dit encore : « Celui qui scandalise un de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’il fût jeté au profond de la mer avec une meule au cou ? » Nous pleurons sur l’innocence qu’on pourrit, sur les vocations qu’on ruine, nous combattons selon nos forces, mais aussi nous prenons date, et nous en appelons solennellement à votre tribunal au Jour de votre colère : « Ad tuum, Domine Jesu, tribunal appello. »

Abbé V.-A. Berto, Itinéraires n°132, avril 1969, pp. 171-174

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LE VÊTEMENT A-T-IL UNE IMPORTANCE DANS LA FIDÉLITÉ À JÉSUS-CHRIST ?

Étant donné les modes actuelles et qu’il faut partir de ce qui est, la position du problème est celle-ci. En quoi et comment la dénudation du corps est-elle honnête ? En quoi est-elle odieuse et coupable ?

Le vêtement a-t-il une importance dans la fidélité à Jésus-Christ ? L’exhibition s’oppose-t-elle à cette fidélité ?

D’où faudrait-il partir pour élaborer une théologie du vêtement chez la femme ? Je dis chez la femme, parce que pour elle plus que pour l’homme la question est importante ; de même qu’elle est engagée en quelque sorte plus profondément que l’homme quand il s’agit d’amour et de mariage ou de virginité.

Nous n’allons pas, évidemment, mettre en problème qu’une façon honnête et modeste de s’habiller ne fasse honneur à la femme, – n’aide à sa pureté et à la pureté de ceux qui l’entourent – ne soit voulue par le Seigneur et son Église.

Ce dont il s’agit c’est de faire sentir (faire sentir plus encore que convaincre) que le déshabillé des modes actuelles constitue un déshonneur pour la femme, une tentation pour les hommes et offense véritablement le Seigneur. Il est sans aucun doute très grave que les femmes et les jeunes filles ne sentent plus ces choses ou du moins qu’elles fassent semblant de ne les plus les sentir ; l’insensibilité en ces domaines, si graves et si élémentaires, prouve que chez elles quelque chose de foncier a été atteint et plus ou moins faussé ou détruit ; c’est le sens même de la pudeur qui est affaibli ou annihilé.

Normale pour des raisons d’hygiène et dans le mariage, la dénudation du corps, dans l’un et l’autre cas, reste d’un caractère privé et n’a pas à être publique. Quel humain honnête pourrait en douter ? La raison est obvie : de même que l’expression charnelle de l’amour entre l’homme et la femme reste une chose strictement privée (et que tout le monde en convient même les plus cyniques) de même ce qui dans l’être humain se rapporte ou peut se rapporter directement à l’expression charnelle de l’amour n’a pas à être exhibé en public. C’est d’un domaine sacré ; d’un sacré qui concerne le secret de l’être et du don qu’il peut faire ; d’un domaine sacré qui est constamment menacé par la bassesse de la convoitise. Exhiber en public ce qui est en rapport immédiat avec le secret du don le plus personnel et le plus vulnérable c’est une odieuse profanation.

Il est devenu courant de dire : ce n’est pas une profanation du tout ; c’est simplement une affaire de conventions sociales ou de commodité. Quelle imposture ! Comment ose-t-on prétendre que le secret et la réserve dans ce qui est ordonné à l’expression charnelle de l’amour n’est pas une exigence personnelle et que c’est la société qui a ainsi convenu ? Comment n’arrive-t-on pas à avouer qu’il existe une différence du tout au tout entre la couleur du vêtement, par exemple, qui est affaire de pure convention et l’absence en public de vêtement ou, ce qui est pire, l’usage d’un vêtement dont la fonction propre est de déshabiller la femme ou la jeune fille et de faire ressortir sa nudité.

Comment se fait-il que la femme et la jeune fille au XXème siècle se montre si facilement déshabillée en public ou pour mieux dire, habillé d’un vêtement qui la met à nu ? Inconscience ? en partie peut-être chez quelques-unes, chez les plus jeunes. Entraînement de la mode et consentement à l’ambiance ? Vanité plus ou moins naïve ? A coup sûr et pour un grand nombre. En effet pourquoi la vanité se manifeste-t-elle par un vêtement équivoque, sinon parce que la vanité se mêlait déjà d’un sentiment trouble ; et par ailleurs si on s’est laissé entraîner il fallait bien que quelque chose ne résiste pas à l’entraînement. Ce qui fléchit c’est le sentiment du sacré de l’amour et de ce qui s’y rapporte, le sentiment de la pureté du corps. La véritable raison est celle-là. C’est parce que beaucoup de femmes et de jeunes filles n’ont plus le sens de la pureté, se considèrent sans respect et acceptent leur profanation qu’elles se laissent entraîner par des modes honteuses.

Pour réagir, pour obtenir cette chose élémentaire que la femme paraisse en public décemment habillée on ne peut plus compter sur l’ordre imposé spontanément par une société saine. La personne n’a plus grand chose à espérer du milieu ; elle ne peut guère compter que sur elle-même et sur la grâce de Dieu. En dehors d’une pureté très personnelle, très consciente, très résolue, on voit mal ce qui amènerait femmes et jeunes filles à être honnêtes dans leur vêtement et leur tenue. Qu’elles prennent donc conscience qu’elles sont sacrées et que le vêtement est chose sacrée. Alors seulement elles cesseront de faire comme tout le monde. Elles se risqueront à établir une coupure rigoureuse avec une ambiance et des usages qui généralisent la profanation.

Et comme la prise de conscience personnelle est grandement aidée par l’éducation, que les mères de familles se rendent comptent enfin avec leurs tout-petits que la pureté commence à cet âge-là ; elle se prépare ou déjà se détruit par les habitudes qu’on leur donne de se tenir ou de s’habiller. Il ne s’agit pas d’être bégueule. Il s’agit de savoir que dans les attitudes qu’on fait prendre ou qu’on laisse prendre au tout petit enfant le vice ou la vertu sont déjà tracés et préformés, notamment l’impureté ou la pudeur.

Nous avons été rachetés à grand prix : glorifions et portons Dieu dans notre corps même, et dans notre manière de nous vêtir.

R.-Th. Calmel o.p.

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DES VÉRITÉS ÉLÉMENTAIRES

 

Il est un certain nombre d’idées et d’attitudes intérieures qui sont spontanées dans une vie de famille : qui sont naturelles et qui vont de soi. Actuellement il devient difficile de les avoir d’une manière spontanée, de ne pas en douter tellement le monde est livré au diable. C’est la foi qui nous donnera d’y croire et d’en vivre coûte que coûte. Je vous rappelle quelques-unes de ces idées et ces vertus constamment battues en brèche :

1 – La fin de la famille, c’est le bien de l’âme des enfants et non seulement le bien du corps.

2 – La fécondité n’est pas un malheur, mais une bénédiction et ce serait un péché de la rendre impossible.

3 – La famille n’est pas une association de plaisir ou d’intérêt, mais d’affection et de labeur en vue de la sainteté.

4 – L’impureté est un péché.

5 – Il ne faut dire et faire devant l’enfant que ce qui peut l’édifier à proportion de son âge ; certes il est essentiel et indispensable de l’initier à la vie, mais une certaine forme d’initiation n’est propre qu’à obséder l’enfant, à tuer en lui la pudeur dans sa racine même, à lui rendre impossible le sens du péché.

6 – Pour être élevé, l’enfant a besoin d’abord du secours et de l’exemple d’un père et d’une mère qui s’aiment vraiment ; c’est pourquoi la mésentente est un grave péché, c’est pourquoi le divorce est un crime. Le divorce d’ailleurs est non seulement un attentat contre l’enfant, mais d’une manière générale un outrage à la sainteté d’un état voulu par Dieu dès l’origine et restauré par le Seigneur Jésus.

R.-Th. Calmel o.p.

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SAINT LOUIS IX ET L’HABILLEMENT DES DAMES

 

Le roi s’habillait avec simplicité, pressant ceux qui vivaient avec lui de se bien vêtir parce que leurs femmes les en aimeraient mieux et que leurs gens les en priseraient davantage ; mais leur recommandant de ne pas faire de dépenses excessives qui eussent été un scandale alors qu’il y avait tant de misères à secourir. (…)

Il réprouvait un faste exagéré, non pas parce qu’il n’aimait pas le luxe, mais parce que connaissant trop bien l’indigence foncière de la créature humaine, il ne pouvait supporter un certain mensonge qu’on pourrait appeler le mensonge d’apparence. Guillaume de Chartres raconte qu’une femme d’un âge mûr s’étant présentée au roi en une tenue qui n’était plus, pour elle, de saison, celui-ci arrêta les minauderies de la dame d’un geste et lui dit sévèrement :

« Madame, je voudrais vous faire souvenir de votre salut. Jadis vous fûtes belle, mais le passé est le passé. Cette fleur de beauté, vous ne ferez pas qu’elle s’épanouisse à nouveau. Mettez donc tous vos soins à acquérir désormais la seule beauté qui ne saurait périr et qui est non la beauté du corps, mais celle de l’âme ».

(Bénouville, p. 71 et 73)

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HABILLEMENT ET VANITÉ

« Dans leurs toilettes, qu’elles se gardent de toute vanité, car le Seigneur permet la chute de telles âmes.

Les femmes qui mettent de la vanité dans leurs vêtements ne pourront jamais être revêtues de la vie de Jésus-Christ ; à peine cette idole entrée dans leur cœur, leur âme perdra tout ornement. Comme saint Paul (I Tim. II 9) le désire, que leur tenue soit décente, leur parure modeste et réservée, sans cheveux tressés, sans or ni pierreries, sans somptueuses toilettes qui sentent le luxe et l’ostentation. »

Padre Pio (Recueil de lettres)