Nous publions, avec son accord, la lettre écrite et envoyée par un fidèle catholique au Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, à l’occasion du décès de Mgr Huonder, et de son inhumation, ce jour du 17 avril 2024, au Séminaire d’Ecône.

Mgr Fellay, dans son homélie pour les funérailles du Prélat, n’a pas mentionné le parcours décrit dans la lettre jointe, mais simplement évoqué le vœu du défunt « d’être aux côtés de l’évêque qui a tant souffert pour l’Église ». Si le motif est respectable, cela n’occulte pas un passé profondément actif et dirigé vers le faux œcuménisme. Le diocèse de Coire est honnête quant à lui et a fait part de ces faits : https://www.eveques.ch/deces-de-mgr-vitus-huonder/

Nous prions bien entendu pour le repos de l’âme du défunt, tout en déplorant la confusion entretenue par les autorités de la Fraternité Saint-Pie X.

Ecône n’est plus ce qu’il fut. Le modernisme pratique, par un fait, y est rentré. Par un défunt.

La rédaction, 17 avril 2024

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Monsieur l’Abbé Davide PAGLIARANI

Supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X

Maison Généralice

Schwandeg

6313 MENZINGEN

SUISSE

Objet : Inhumation de Monseigneur Vitus HUONDER à Ecône

 Le 10 avril 2024

            Monsieur le Supérieur Général,

           

            C’est avec stupeur que j’ai appris par l’organe officiel de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, Fraternité News, la prochaine inhumation de Monseigneur Vitus HUONDER, décédé le 3 avril 2024, dans le caveau du séminaire d’Ecône. Ce sentiment s’est très vite trouvé partagé par de nombreux fidèles catholiques de la Tradition de mon entourage, en France et à l’étranger, et s’est même rapidement transformé en indignation.

            Si la charité chrétienne nous commande de prier pour le repos de l’âme du prélat, que Dieu seul connaît, comment les fidèles de la Tradition pourraient-ils comprendre cette inconcevable décision validée par les plus hautes autorités de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, alors que l’ancien évêque de Coire (Suisse) a été ordonné prêtre puis évêque dans les nouveaux rites « douteux » selon le terme employé par Monseigneur LEFEBVRE, et sans réordination sous condition à notre connaissance. Celui-ci a accompli de plus une longue carrière religieuse imbue des erreurs conciliaires jusqu’en 2017, et n’a en rien renié explicitement et solennellement son adhésion aux principes néo-modernistes en vigueur au sein de l’Eglise catholique officielle.

            La simple retraite consacrée à la prière et au silence dans l’école de Wangs (cf : votre communiqué conjoint du 20 mai 2019) s’est malgré cela rapidement muée en une véritable mission épiscopale officielle (Tour de Romandie en 2020 – messes et prédications en faveur de décrets conciliaires au Prieuré d’Oberriet – confession et enseignement dans l’Institut Sainte-Marie, prédications en faveur de décrets conciliaires dans l’église du Prieuré Saint-Charles Borromée  et même Consécration des Saintes Huiles le Jeudi Saint 2023 ).

           

            Peut-être m’allèguerez-vous que le défunt a depuis 2023, au moyen de trois vidéos, fait une allégeance satisfaisante à la Tradition : or leur écoute attentive et objective laisse se dégager une désagréable ambigüité, en relatant des propos de Monseigneur Lefèbvre de façon partielle et trompeuse, en alléguant que la Nouvelle Messe est une interprétation faussée du Concile Vatican II ce qui  est faux ( « Le nouvel Ordo Missae exécute les décisions du Concile »  Paul VI le 24 mai 1976), nonobstant la sincérité dont feu l’évêque de COIRE a pu faire preuve en se rapprochant de la Fraternité. Mais pas une seule fois cependant, dans ses trois interventions, votre hôte n’a prononcé son mea culpa des erreurs qu’il a professées.

Pourtant, Monsieur le Supérieur Général, ne vous méprenez pas : je me serais réjoui qu’un évêque diocésain, en l’occurrence Monseigneur HUONDER formé dans le néo-modernisme, rejoigne la Fraternité par amour retrouvé de la Tradition, de la Sainte Messe, de la doctrine et du Magistère catholique traditionnels de l’Eglise anté-conciliaire. Sa démarche se serait alors concrétisée sous la forme d’une rétractation publique de ses erreurs et d’une Profession Solennelle de Foi adressée au saint Père, identique à celle, bouleversante, opérée par Monseigneur Salvador LAZO, ancien évêque de San Fernando de la Union (Philippines) reproduite sur La Porte Latine du 24 mai 1998.

           

Or, la démarche de Monseigneur HUONDER s’est montrée hélas, complètement opposée à celle de son éminent confrère, sans que les autorités de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X n’y trouvent à redire.

Comment dès lors ne pas redouter de prochaines démarches similaires ? pourquoi en effet ne pas répondre favorablement à de futures demandes d’inhumation à Ecône, ce haut-lieu de la résistance à la Révolution de Vatican II, émanant de prélats dits conservateurs comme Monseigneur Schneider, le cardinal Müller, le cardinal Sarah, qui voudraient « être enterrés aux côtés de l’évêque qui a tant souffert pour l’Eglise » puisque tel est l’argument plus sentimental que religieux avancé par l’ancien évêque de COIRE ?

            Aussi, nous catholiques français ancrés dans la Tradition authentiquement et héroïquement défendue par votre vénéré fondateur, fidèles à son héritage, s’honorant pour certains de l’avoir bien connu, nous vous réitérons notre immense peine mais aussi notre indignation face à cet évènement : le défenseur de la Foi et du sacerdoce catholique reposera désormais auprès d’une figure emblématique de ce qu’il a combattu ! Quel scandale !

            Je vous prie d’agréer, Monsieur le Supérieur Général, l’expression de ma parfaite et respectueuse considération.

Lettre signée