
Avec ce troisième volet de notre étude sur les premiers adorateurs du Verbe fait chair, Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont nous voulons être de vrais enfants par adoption à notre tour depuis notre baptême, nous allons achever (ou presque) la lecture – résumée – de Mgr Gaume, à laquelle nous aurons ajouté quelques éléments.
Les Mages venaient donc de l’Orient, comme l’avaient annoncé les prophètes.
Étaient-ils rois ?
Le témoignage des Pères de l’Église est assez unanime : ils s’accordent à l’affirmer. Cela ne signifie pas qu’ils aient eu de grandes contrées sous leurs ordres. Être roi peut vouloir dire simplement chef d’une ville ou tout au plus d’une petite contrée. La sainte Écriture nomme ainsi trente-et-un rois établis dans la Terre promise au moment de la conquête par Josué.
Quelle était cette étoile ?
Les Mages diront à Hérode : « Nous avons vu son étoile en Orient. » Il ne s’agit donc pas d’une étoile quelconque.
« L’étoile des Mages, disent saint Augustin et saint Jean Chrysostome, ne fut pas une des étoiles créées dès le commencement et qui accomplissent leurs révolutions d’après la loi du Créateur : ce fut un astre nouveau, qui apparut pour annoncer le miraculeux enfantement de la Vierge.
Saint Thomas d’Aquin donne les raisons de l’assertion des deux Pères cités ci-dessus : « Non seulement cette étoile apparaissait la nuit, mais aussi en plein jour. Ce qui n’est au pouvoir d’aucune étoile, ni même de la lune. Parfois elle se montrait et parfois elle se cachait. En effet, quand les Mages entrèrent à Jérusalem, elle se cacha ; ensuite, quand ils quittèrent Hérode, elle se montra. Elle n’avait pas un mouvement continu, mais quand il fallait que les Mages se mettent en marche, elle avançait, et quand ils devaient s’arrêter, elle s’arrêtait. » (Somme théol. III, q. 36, a. 7)
« Cette étoile a un précédent historique : la nuée lumineuse qui a guidé les Hébreux dans le désert. L’antique colonne indiquait au peuple figuratif la route vers la Terre promise ; l’étoile des Mages conduisit le genre humain au berceau de l’Enfant-Dieu. » Mgr Gaume
Un témoignage de la plus importance mérite d’être cité : c’est celui de saint Ignace d’Antioche (35 – vers 110), dont le père et la mère avaient pu voir cette étoile, dit : « L’étoile des Mages brillait d’un éclat supérieur à toutes les clartés qu’on n’avait jamais vues. Sa lumière était ineffable, et la nouveauté d’un pareil phénomène jeta dans la stupeur tous ceux qui en furent témoins. Les étoiles, la lune, le soleil ne semblaient plus que des satellites de cet astre admirable dont l’éclat les faisait tous pâlir. » (Lettre aux Éphésiens).
Saint Léon le Grand affirme : « Les Mages, éclairés intérieurement par la lumière de la grâce, reconnurent aussitôt l’étoile » qu’ils attendaient et dont ils connaissaient la signification.

Quel est le nombre et le nom des Mages ?
L’assentiment des siècles et l’autorité des souverains pontifes fixent à trois le nombre des Mages. Le nombre de leurs présents indique assez le nombre de leurs personnes. La tradition ajoute que par leur âge ils représentaient la vie humaine dans toute son étendue : Gaspar, la jeunesse ; Melchior, la vieillesse (il sera martyrisé à l’âge de 109 ans) ; Balthasar, l’âge mûr.
Dès le cinquième siècle ils sont honorés à Cologne, qui possèdent leurs précieuses reliques, sous ces noms et ils y sont respectivement fêtés les 1er, 6 et 11 janvier.
Les auteurs sont unanimes à affirmer que les Mages arrivèrent au lieu où étaient l’Enfant Jésus le 6 janvier et d’ailleurs la fête de l’Épiphanie est antérieure à celle de Noël.
Nous n’ajouterons rien ici sur les présents offerts par les Mages, et la signification. Nous l’avons déjà mentionné et nous invitons nos lecteurs à s’y reporter.
Leur martyre
« Une ancienne tradition chrétienne, que nous voyons déjà rappelée par l’auteur de l’Ouvrage imparfait sur saint Matthieu inséré dans toutes les œuvres de saint Jean Chrysostome, et qui paraît avoir été écrit vers la fin du sixième siècle ; cette tradition, disons-nous, porte que les trois Mages furent baptisés par l’apôtre saint Thomas et qu’ils se livrèrent à la prédication de l’Évangile. » (Dom Guéranger, Année liturgique, T. 3, p. 213, au 12 janvier)
C’est en Arabie qu’ils furent martyrisés.
Où sont leurs reliques ?
Recueillies par les chrétiens, leurs corps furent plus tard transportés à Constantinople et placée avec faste dans l’église Sainte-Sophie (qui deviendra mosquée au quinzième siècle). Puis elles furent heureusement transférées à Milan, au sixième siècle et ne seront ainsi pas profanées par l’islam. Durant environ six cents ans les trois Rois furent honorés dans cette ville, jusqu’au sac de Milan par l’empereur Barberousse, en 1164. Avant le désastre, de courageux chrétiens sauvèrent le dépôt et le remit entre les mains de Reinold, archevêque de Cologne et chancelier du saint Empire, qui avait suivi l’empereur en Italie.
Le cortège traversa les Alpes et prit sa route par la France, pour gagner Strasbourg et le Rhin. A la fin de la journée, il s’arrêta aux portes d’une abbaye, située près de Baumes-les-Dames.
Enfin le pèlerinage des Rois Mages prit fin à Cologne.
Avec la liturgie catholique, redisons cette antienne : « De l’Orient l’image vinrent à Bethléem adorer le Seigneur ; et ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent des dons précieux : de l’or, comme au souverain Roi ; de l’encens, comme au vrai Dieu ; de la myrrhe, pour la sépulture, alléluia. »

La chasse précieuse des saints Rois dans la cathédrale de Cologne
Nous achevons ainsi nos lignes sur les saints Rois Mages.
En annexe à ces mots, nous ajouterons prochainement un dernier mot, sur… la galette des Rois.