
Il n’y a plus d’octave de cette fête depuis 1962, sous le pontificat de Jean XXIII. Presque toutes les octaves des fêtes ont d’ailleurs été supprimées et il suffit de comparer les missels d’avant 1962 avec les suivants pour se rendre compte de la richesse liturgique dont nos aînés étaient les heureux bénéficiaires.
Bien que cette octave n’existe plus, les antiennes des Laudes et des Vêpres ont été conservées et je vous propose d’en lire quelques-unes afin de pénétrer vos âmes de la richesse de la Liturgie.
En effet pour ces Offices, avant le chant du Benedictus (Laudes) et du Magnificat (Vêpres), du 6 au 13 janvier une antienne propre pour tous ces jours est récitée. En voici donc quelques-unes :
- De l’Orient les Mages vinrent à Bethléem adorer le Seigneur ; et ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent des dons précieux : de l’or, comme au souverain Roi ; de l’encens, comme au vrai Dieu ; de la myrrhe, pour la sépulture, alléluia.
- Lumière de lumière vous avez apparu, ô Christ, et les Mages vous ont offert des présents, alléluia, alléluia, alléluia.
- Interrogeant les Mages, Hérode leur dit : Quel signe avez-vous vu au sujet du Roi nouveau-né ? Nous avons vu une étoile étincelante dont la splendeur illumine le monde.
- Il est évidemment grand, ce mystère de bonté, qui a été manifesté dans la chair, certifié dans l’Esprit, montré aux Anges, prêché aux Nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire. Alléluia.
- Trois miracles ont illustré le jour saint que nous célébrons : aujourd’hui, l’étoile a conduit les Mages à la crèche ; aujourd’hui, l’eau a été changée en vin lors des noces ; aujourd’hui, le Christ a voulu être baptisé dans le Jourdain par Jean pour nous sauver. Alléluia.
Cette dernière antienne est celle du Jour saint de l’Épiphanie.
Toutes ces antiennes chantent Notre-Seigneur Jésus-Christ et les Pères de l’Église ainsi que les Docteurs se sont plu à magnifier dans les présents offerts par les Mages la haute signification de leur geste.
« Les Mages offrent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
- L’or convient à un roi ;
- l’encens est offert à Dieu dans les sacrifices ;
- avec la myrrhe, on ensevelit les corps des défunts.
Par ces présents mystiques, les Mages font connaître quel est celui qu’ils adorent ;
- par l’or, ils déclarent qu’il est Roi ;
- par l’encens, qu’il est Dieu ;
- par la myrrhe, qu’il est mortel.
Il y a des hérétiques qui croient à sa divinité, mais qui n’admettent point qu’il règne en tous lieux. Ceux-là, sans doute, lui offrent l’encens, mais ils ne veulent pas lui offrir aussi l’or. D’autres reconnaissent qu’il est Roi, mais nient qu’il soit Dieu. Ceux-ci, sans doute, lui offrent l’or, mais ils lui refusent d’offrir l’encens. D’autres hérétiques encore confessent qu’il est Dieu et Roi, mais nient qu’il ait pris une chair mortelle. Ceux-là lui offrent, à la vérité, et de l’or et de l’encens, mais ils ne veulent pas lui offrir de la myrrhe, emblème de l’humanité dont il s’est revêtu.
Pour nous, offrons donc au Seigneur nouveau-né de l’or, en reconnaissant que c’est lui qui règne en tous lieux ; offrons-lui de l’encens, en tenant pour certain que celui a apparu dans le temps était Dieu dès avant tous les temps ; offrons-lui de la myrrhe, en croyant également qu’impassible dans sa divinité, il a été mortel dans notre chair. »
Ainsi prêchait le pape saint Grégoire le Grand (543 – 604).
Nous voyons que la Foi est un bloc : pour être catholiques, il faut adhérer à la vérité entière et le pape saint Grégoire a, en quelques mots, démasqué les hérétiques. Avec bien de l’avance il avait condamné les pères de Vatican II qui dénient au Christ sa Royauté sociale.
Les Rois Mages étaient venus de loin : non seulement d’une contrée éloignée, mais surtout d’un paganisme grossier. Mais voyant et considérant avec attention cette Etoile bien mystérieuse, ils sont venus avec persévérance vers « la Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jn 1,9).
Ils ont été illuminés eux-mêmes, adorant ce petit Enfant.
Imitons les Mages, offrons à Jésus le tribut de nos intelligences et de nos volontés. Que cette soumission humble et volontaire soit totale. Nous savons qu’Il est Roi. Il régnera sur toute créature, c’est une vérité absolue : si ce n’est pas ici-bas, ce sera un jour, au jour où il sera trop tard pour faire marche arrière car ce sera alors l’heure du jugement. Ainsi certains reconnaîtront la Divinité, la Royauté et l’Humanité du Sauveur, mais comme le dit bien un psaume (Ps. 2,5), ce sera dans sa fureur et sa justice, au jour de sa Gloire.
Pour nous, confions nos âmes au Royaume de sa justice, de son amour et de sa paix, car Notre-Seigneur est le Prince de la Paix, où tout ordre est accompli.
Sacerdos
9 janvier 2024