
Les apparitions de Fatima (1917) sont un véritable enseignement.
Toutes les grandes vérités de la Foi y sont contenues, depuis l’année 1916, par l’apparition de l’Ange du Portugal qui va donner la sainte communion aux trois pastoureaux et leur apprendre la prière à la Sainte Trinité et la prière réparatrice : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ; je vous demande pardon… »
En 1917 au cours des six apparitions, c’est le Cœur Immaculé de Marie qui se révèle et qui apprend aux enfants les secrets de son Cœur, pour le salut des âmes.
Le 13 juillet, la Vierge Immaculée montre l’enfer où vont tant d’âmes : « Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites plusieurs fois, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice :
Ô ! Jésus, c’est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs et en réparation pour les péchés commis contre le Cœur immaculé de Marie.
En disant ces paroles, elle ouvrit de nouveau les mains comme lors des deux mois passés. Le reflet parut pénétrer la terre et nous vîmes quelque chose comme une mer de feu. Plongés dans ce feu, les démons et les âmes ressemblaient à des braises transparentes, noires ou bronzées, ayant forme humaine, qui flottaient dans le brasier, portées par les flammes qui sortaient d’elles, avec des nuages de fumée tombant de tous côtés, ressemblant à la chute des étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu de cris et de gémissements de douleur et de désespoir, qui horrifiaient et faisaient trembler d’effroi. Les démons se distinguaient par des formes horribles et sordides d’animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme des braises de charbons noirs.
Effrayés et comme pour appeler au secours, nous avons dirigé notre regard vers Notre-Dame, qui nous dit avec bonté et tristesse :
Vous avez vu l’enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, de nombreuses âmes obtiendront le salut et auront la paix. (…) »
Lors de l’apparition du 19 août, les paroles prononcées par Notre-Dame avec un visage très triste, impressionnèrent profondément les trois voyants : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car de nombreuses âmes vont en enfer parce que personne ne prie et ne se sacrifie pour elles. »

Comme ils avaient contemplé les horreurs de l’enfer depuis un mois, ils priaient et faisaient tous les sacrifices possibles pour délivrer les âmes d’un si effroyable tourment. Un des sacrifices les plus douloureux était celui de la corde, que chacun des trois voyants portait attachée à la ceinture. « Que ce soit par la grosseur ou la rugosité de la corde, ou que ce soit parce que, certaines fois, nous la serrions trop, cet instrument nous faisait parfois souffrir horriblement. Jacinthe laissait échapper de temps en temps quelques larmes à cause du degré d’inconfort que la corde lui infligeait. »
Au nom de Dieu, Notre-Dame demanda avec une sollicitude maternelle, qu’elles retirent la corde durant la nuit, afin de pouvoir prendre le repos nécessaire. Avant de se retirer de Fatima, en juin 1921, Lucie brûla les cordes de François et de Jacinthe.
Une dame du village insultait les enfants à chaque fois qu’elle les croisait. Jacinthe dit à Lucie : « Nous allons prier Notre-Dame et lui offrir des sacrifices pour la conversion de cette femme. Elle dit tellement de péchés que, si elle ne se confesse pas, elle ira en enfer. »
Quelques jours après, nous passions en courant devant la porte de cette femme. Soudain, Jacinthe s’arrête au milieu de sa course et, se retournant, elle demanda : « Écoute, c’est demain que nous allons voir Notre-Dame ? » – « Oui. » – Alors nous ne jouerons pas, nous ferons ce sacrifice pour la conversion des pécheurs. » Et, sans penser que quelqu’un puisse la voir, levant les mains et les yeux au Ciel, elle fit cette offrande. La pauvre femme nous observait par une ouverture de sa maison. Ensuite, elle dit à ma mère qu’elle fut tellement impressionnée par cette action de Jacinthe qu’elle n’avait plus besoin d’autres preuves pour croire à la réalité des faits. A partir de ce moment, non seulement elle ne nous insultait plus, mais elle nous demandait continuellement de supplier Notre-Dame de lui pardonner ses péchés. » (Frère François de Marie des Anges : Fatima, Joie intime, Événement mondial, p. 76)
Cette conversion manifeste bien la corrélation entre les sacrifices et le salut des âmes.
Si nous étions plus saints, assurément plus d’âmes se sauveraient et échapperaient ainsi à l’enfer éternel. Il s’agit de prendre au sérieux les paroles de la Vierge Marie : son plus ardent désir, joint à la volonté de Dieu, est le salut des âmes. Tant d’âmes se perdent pour l’éternité de nos jours, c’est certain.
Qui de nous sera plus généreux pour les tirer de la perte éternelle, par des sacrifices offerts à Dieu, comme le firent avec autant d’ardeur les trois enfants, dont les noms sont inscrits dans les Cieux ?
Qu’en cette fin de novembre, mois dédié aux âmes du purgatoire et temps privilégié pour méditer les vérités des fins dernières (ciel, purgatoire, enfer), la considération des pauvres âmes qui se perdent, « parce que personne ne prie et ne se sacrifie pour elles », nous motive à offrir à Dieu pour ces âmes de nombreux sacrifices.
La charité est à ce prix.
Abbé Dominique Rousseau
24 novembre 2023