Durant sa vie sacerdotale et épiscopale, le Cardinal fut invité à prendre la parole, non seulement au sein de la cathédrale de Poitiers dont il fut l’évêque toute sa vie depuis son sacre épiscopal (1849), mais en diverses circonstances, parfois étonnantes.
Nommé cardinal par Léon XIII un an (1879) avant sa mort, il sera demeuré fidèle à son programme : la Royauté du Christ.
Le court extrait qu’on va lire ici de ses œuvres manifeste clairement qu’à toute occasion, il prêchait Notre-Seigneur Jésus-Christ, même lorsqu’il était amené à prendre la parole sur des sujets épineux où Jésus-Christ trouverait difficilement sa place. Jamais il ne mit son drapeau dans sa poche.
Ainsi, il est encore prêtre lorsque la révolution de 1848 éclate en février. L’abbé a trop prévu cette révolution pour qu’elle l’étonne. Elle n’est pas d’abord hostile à l’Église, demandant même au clergé des bénédictions. C’est ainsi que, le 11 avril 1848, l’abbé Pie est invité à bénir un arbre de la liberté à Chartres. Il ne se dérobe pas, mais use de sa liberté de parole pour parler en prêtre de Jésus-Christ :
« (…) Oui, ils seront Libres, ces hommes auxquels l’Évangile enseignera que la première liberté c’est de dominer ses vices et ses passions, qui sont le germe de toutes les servitudes et le marchepied de toutes les tyrannies. Ils seront Égaux, ces hommes qui, à certains jours, se rassembleront : dans la même maison, y confondront leurs prières et leurs chants, s’assiéront à la même table, courberont la tête devant le même Dieu et le même Rédempteur, en attendant qu’il soit leur commun Juge. Ils seront Frères, ces hommes qui auront appris de Jésus-Christ à dire tous indistinctement : « Notre Père, qui êtes dans les cieux » ; car je, ne sache pas d’autre moyen d’être frères sinon d’avoir un même père ; et quel sera le père commun des hommes, si ce n’est le Père céleste ? De ces principes féconds découleront sur la société les plus précieux avantages ; les Droits de l’homme seront alors une vérité, parce que les Droits de Dieu seront sacrés (…) »
(Œuvres de Mgr l’Évêque de Poitiers, t. I, p.87 bénédiction d’un arbre de la liberté le 11 avril 1848)
Le sujet était délicat et on vient de voir que l’abbé Louis-Edouard Pie tient à prêcher, aussi bien devant des catholiques convaincus et fervents qu’en face de personnes laïques, voire athées, le Règne du Christ. S’il concède des droits de l’homme, il les subordonne aux Droits imprescriptibles de Dieu !
Tel sera d’ailleurs l’objet de sa première lettre pastorale, écrite le 25 novembre 1849 : « Si donc vous nous demandez qui nous sommes, à quel parti nous appartenons, nous vous répondrons sans hésiter : Nous sommes, nous serons parmi vous l’homme de Dieu (I Tim. 6,11) ; nous emploierons tous nos efforts, nous consacrerons toute notre vie au service de la cause divine. Et si nous devions apporter avec nous un mot d’ordre, ce serait celui-ci : instaurare omnia in Christo : Restaurer toutes choses en Jésus-Christ » (Eph. 1,10)
Cette devise fut celle de saint Pie X, faisons-la nôtre et prions pour les évêques soient à l’image du Cardinal Pie d’authentiques hérauts de la Parole de Dieu.
Abbé Dominique Rousseau
13 octobre 2023, anniversaire du Miracle du soleil à Fatima en 1917
NB : le lecteur est invité à lire les Œuvres du Cardinal Pie (10 volumes) et, s’il est pressé, à se procurer et étudier le numéro 95 : « Le Cardinal Pie » – Sel de la terre (hiver 2015 – 2016), revue des Dominicains d’Avrillé.